Traces ou non traces du rideau de fer

Sur les docks
Par Olivier Chaumelle - France Culture

04.09.2009 (rediffusion)

Il y a encore vingt ans, on amenait les enfants des écoles de l’Ouest au bord de la frontière, sur les hauteurs occidentales du Harz, par exemple, afin qu’ils contemplent gravement les parties du territoire de leur pays qui avaient été confisquées par les Rouges. La frontière était à leurs pieds : panneaux « Halt Grenze », barbelés, tirs automatiques, no man’s land de terre battue pour repérer toute trace de pas, barbelés encore, miradors, projecteurs puissants, patrouilles des vopos de l’Est avec, évidemment, leurs bergers allemands. Au-delà, une zone de protection de cinq kilomètres de large. Le dispositif s’étendait sur 1 393 km de frontière interallemande. On ressentait un grand malaise à son contact, et c’était l’occasion pour les jeunes visiteurs de toucher l’absurdité de la politique internationale.

Entre 1952 et le démantèlement de la frontière en 1989, et bien qu’elle devînt au cours du temps de plus en plus hermétique, quelques dizaines à quelques centaines de fugitifs parvenaient chaque année à la franchir. Mille d’entre eux furent abattus.

Évidemment, le tracé de la frontière avait séparé des amis et des familles, qui dans certains cas pouvaient s’observer à l'œil nu. À Mödlareuth, situé entre Thuringe et Bavière, un mur analogue à celui de Berlin, en plus court, traversait le village.

Aujourd’hui, l’ignominie géopolitique a été soigneusement effacée, sauf en de rares lieux commémoratifs. Au sol, aucun vestige n’en est généralement discernable. Mais son souvenir est bien présent, de part et d’autre, notamment à des endroits où la frontière était fluviale, et où des tentatives de fuite ont eu lieu plus qu’ailleurs, qu’elles aient réussi ou non.

Avec :
Franz Stucke, du Mémorial du Poste-Frontière de Marienborn.
Jürgen Ritter, photographe.
Günter Apuhn, ancein professeur de français.
Dieter Gäbelein, évadé de la RDA en 1974.
Camillo Grünheid, pris lors de sa tentative d’évasion en 1978.
Uwe Eberhardt, ancien douanier, du Musée de la Frontière de Wanfried.
Inge Winkel, mairesse de Sorge.
Klaus Streitenberger, ancien douanier, du Musée de la Frontière de Wanfried.
Friedemann Schwarz, habitant de Hohegeiß.
Denis Bocquet, directeur de l’Institut Français de Dresde.