Le Journal d'Hélène Berr

Surpris par la nuit
Par Béatrice Lecas - France Culture

17.07.2008

Il y a ce texte : un journal, un journal devenu un livre, plus de soixante-cinq ans après avoir été écrit, le journal d’Hélène Berr, 1942-1944.

Il y a ce silence autour du texte, le silence de l’interruption : une onde.

Il y a les questions de ce texte, les questions sans réponse, que l’on n’ose pas, que l’on ne veut pas poser, les questions qui s’imposent cependant.

Il y a ce monde d’après, le monde que l’on n’approche pas mais au bord duquel le Journal peu à peu nous amène, au bord duquel il nous laisse.

Vingt et un ans en 1942, la vie radieuse, la musique, la littérature, l’ombre du grand amour qui grandit au fil des semaines – et on entend à peine d’abord une rumeur derrière les dimanches à la campagne, les quatuors de Beethoven, les promenades dans le septième arrondissement. Puis brutalement c’est juin, le port de l’étoile jaune à la Sorbonne, l’arrestation de son père, qui sera interné deux mois à Drancy avant d’être libéré. Des alertes – des alertes de plus en plus nombreuses et de plus en plus alarmantes pour Hélène Berr qui veut comprendre et veut savoir, qui comprend, qui sait – et reste.

Rester, faire face, répondre : les parents d’Hélène Berr sont arrêtés avec leur fille en mars 1944. Déportés à Auschwitz, Antoinette Berr est gazée en mai, son mari, Raymond Berr, est assassiné en septembre. Hélène meurt du typhus quelques jours avant la libération.