Surpris par la nuit
Par Pascal Ianco - France Culture
28.04.2009 (rediffusion)
En 1517, Luther cloue ses quatre-vingts quinze thèses sur la porte de la chapelle de Wittenberg. Par cet acte, le moine augustin ne souhaite pas rompre l’unité de l’Eglise, mais accomplir sa réforme, vœux que partage une partie significative de la chrétienté.
Mais rupture il y aura. L’histoire, en effet, va s’emballer. L’Europe du XVIe siècle est parcourue de nombreux et vigoureux courants eschatologiques qui ont en commun la certitude de l’imminent retour du Christ et de la fin des temps. L’Anabaptisme est l’un d’eux. Pour ce mouvement – qui refuse le baptême des enfants, d’où son nom – la Réforme n’est qu’une étape vers le rétablissement annoncé du Royaume de Dieu sur Terre. En février 1534, des anabaptistes investissent la ville fortifiée de Münster. Il s’agit pour eux d’y instaurer la Nouvelle Jérusalem, de créer une communauté égalitaire et sans péché, sur laquelle Dieu viendra régner pour l’éternité, comme l’annoncent les Ecritures. En Allemagne comme en Hollande, ces événements provoquent des mouvements séditieux dont les adeptes veulent rejoindre la Nouvelle Sion de Westphalie. Ils affaiblissent l’autorité des églises catholique et luthérienne et ébranlent l’édifice social tout entier. Charles Quint, Luther et les princes, toutes confessions confondues, ne peuvent admettre cette situation. Il leur faut donc à tout prix contenir la contagion et en détruire le foyer.
Une coalition luthéro-catholique met alors le siège devant Münster…