Reconnaissance à...
Par Mathieu Bénézet - France Culture
08.08.2010 (rediffusion)
A propos de la parution du numéro spécial de la revue Europe et de l'essai de Hans Holler : Ingeborg Bachmann (Actes Sud).
Ingeborg Bachmann (1926-1973) est née en Autriche. Saluée par Thomas Bernhard, proche de Paul Celan, une correspondance inouïe s'ensuivit entre elle et ce dernier. Elle connut l'amitié avec Henrich Ball, l'amour avec Max Frisch...C'est peu dire de l'écrivain, de la poète couronnée de son vivant, de la romancière, de l'essayiste. C'est peu dire d'un destin qui s'acheva à Rome dans un terrible accident, Rome, ville où elle connut Anna Akhmatova. C'est peu dire d'un engagement politique radical, elle qui signa une Déclaration de la guerre au Vietnam et s'opposa publiquement à la prescription des crimes nazis, elle qui traduisit Giuseppe Ungaretti.
Ce parcours intellectuel foisonnant ne doit pas dissimuler la beauté précaire d'une oeuvre poétique qui ne cesse, en langue allemande comme ailleurs, de surgir, ressurgir, plus encore que celle de Paul Celan. On ne peut "en finir" avec Bachmann. Elle qui prit conscience d'aller vers un but qui s'éloignait à chaque fois qu'elle s'en approchait, malgré la richesse de sa langue, malgré une sensualité et une sensibilité, ô combien féminines, mais dont l'intensité dérangea et dérangera encore.
Par son oeuvre, à proprement parler inclassable, elle tenta de changer le monde et le langage.
Parions, c'est facile, que son espace littéraire qui lui est propre affirmera son devenir pour les générations futures. Ingeborg Bachmann est maîtresse de l'articulation de la pensée et du génie poétique.
Avec Hélène Cixous, Barbara Agnese et Miguel Couffon.